Dans la rue, les passants semblent me regarder d’un mauvais oeil. Ils me sondent, comme examinant chacun de mes gestes qui pourrait à tout moment produire une imminente catastrophe. Me reconnaissent-t-ils? Ça non, je ne crois pas. Je suis beaucoup trop prévenante. Je me vêtis de vêtement masculin assez large pour dissimuler mes attraits féminins, même s’il n’y a pas grand-chose à cacher, et je cache constamment mes cheveux dans le dos de la chemise que je porte. Bon, pour les yeux, je n’y puis rien. Si l’on me regarde, je baisse le regard et puis voilà. Aujourd’hui, alors que je déambulais la rue commerçante, je suis tombé sur Brader, le fils du charcutier qui me rappelle d’un ton plein d’admiration (j’en suis certaine) les exploits de la veille avec la bande. Je lui souris sans m’arrêter dans ma folle course. Mon stratagème fonctionne avec tout le monde, du moins, pour ce qui est de mes origines.